La Communauté de Vie Chrétienne (CVX) est une communauté laïque catholique qui s’inspire des enseignements de Saint Ignace de Loyola, et reçoit un accompagnement spirituel des membres de la Compagnie de Jésus (Jésuites). J’ai découvert la CVX Cameroun en 2012 et, neuf ans plus tard (17 janvier 2021), j’ai fait mon engagement temporaire comme l’un des membres dans la Région de Douala, au Cameroun. Voici ce que j’ai dit à mes compagnons ce jour-là.
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Mes chers compagnons dans le Christ :
Avant d’intégrer la CVX, j’avais adhéré à la CMA (Catholic Men Association), un groupe d’hommes catholiques qui consacrent leur vie à travailler pour notre Eglise et pour la famille, à la manière de Saint Joseph, patron des travailleurs et de la Sainte Famille de Nazareth. Même si j’ai apprécié ma présence au sein de la CMA, et je demeure encore un membre actif, j’avais toujours l’impression que mon âme, comme le dirait Saint Augustin, était encore dans une quête incessante de Dieu, et ne s’arrêterait pas jusqu’à ce qu’elle se repose en Lui.
Intérêt pour une communauté de prière
Dans ce contexte spirituel, je me souviens avoir lu quelque part des propos tenus par le fondateur de la Communauté de Sant’Egidio, le Professeur italien Andrea Riccardi. Il définissait Sant’Egidio comme étant « une communauté de prière ». Ces propos m’ont profondément touché et, lorsque j’ai appris qu’il y avait un groupe de Sant’Egidio à Douala, je me suis lancé à sa recherche, et j’ai trouvé son local à Ndogbong. J’ai assisté à quelques-unes des réunions de ce groupe mais, d’une certaine façon, le Seigneur ne me voulait pas là-bas. J’avais toujours ce désir intérieur de quelque chose d’autre, que je ne pouvais pas déterminer clairement.
J’étais alors le Directeur Général de la Maison catholique de la communication sociale (MACACOS). J’avais désespérément besoin de discuter avec un prêtre à propos des messages que je croyais recevoir du Seigneur et qui m’apparaissaient contradictoires, en particulier concernant certaines décisions que je projetais prendre et qui pouvaient avoir des effets importants sur la vie de mes employés.
Le Seigneur m’a dirigé vers le Père Pascal Djimoguinan, un prêtre jésuite originaire du Tchad, qui résidait ici au Centre Spirituel de Rencontre de Bonamoussadi. Nous avons commencé à nous rencontrer fréquemment et il était même devenu mon confesseur. Je me souviens qu’il m’a dit un jour que j’avais besoin d’être « accompagné spirituellement ». Je n’ai pas compris ce qu’il voulait dire à l’époque et j’aurais aimé en savoir plus mais il fut transféré hors de Douala. C’est avec lui que j’ai commencé à vivre, à travers l’accompagnement spirituel personnel que je suivais un aspect de ce que je vais découvrir plus tard comme étant un aspect de la spiritualité ignacienne.
Des années plus tard, alors que je n’étais plus le Directeur général de MACACOS, je me souviens avoir fait mention au curé de notre paroisse de l’époque, Père Ignatius Fominyen Musi, sj – que son âme repose en paix – de mon désir de connaître quelque chose concernant les Exercices Spirituels de Saint Ignace. Il m’a dirigé vers la Communauté de Vie Chrétienne (CVX), un groupe dont j’ignorais jusqu’à l’existence. Je suis allé à la recherche de la CVX, et je l’ai trouvée.
Avec elle, ma vie spirituelle s’est considérablement renforcée grâce à ma pratique quotidienne des Exercices Spirituels de Saint Ignace, notamment les outils de méditation, de contemplation et de prières chrétiennes. J’ai appris à connaître ce que le terme « discernement » veut dire précisément et dans quelle mesure il est important pour moi de discerner la volonté de Dieu aussi bien dans les grandes comme dans les petites décisions de ma vie. Grâce à mon adhésion à la CVX, ma vie de prière s’est approfondie d’une manière que je n’aurais jamais imaginée avant d’en devenir membre
Un autre outil de prière ignacienne, l’examen de conscience en fin de journée, est quelque chose que j’apprécie mais que je trouve difficile, surtout lorsque je reviens à la maison fatigué après une longue journée de travail. Après le repas avec ma famille, il n’a pas toujours été facile de dominer la puissance du sommeil pour revisiter et méditer sur ma journée. Il s’agit là d’un domaine sur lequel je dois travailler et que je dois confier au Seigneur comme un maillon faible de ma vie de prière.
J’en suis également venu à comprendre ce que signifie précisément « l’accompagnement spirituel. » Je rencontre mon accompagnateur, le Professeur Thomas Theophilus Nug, une à deux fois par mois, pour partager ma vie spirituelle et mes préoccupations spirituelles avec lui. Il y a quelques jours à peine, par exemple, j’ai discuté avec lui à propos de ma souffrance et de la douleur qui en résulte, et de la façon dont je pouvais confier tout cela au Seigneur. J’ai retenu de notre conversation spirituelle que le Seigneur doit avoir un message pour moi à travers ma souffrance ainsi que ma quête légitime de soins, et que je gagnerais à m’abandonner à Lui en toute confiance, et le message deviendra clair. Je ressors toujours fortement consolé et réconforté de tels moments. Lors de tels échanges, je m’efforce de voir la présence de Dieu dans tout ce qui m’entoure afin de suivre Jésus Christ de plus près et davantage.
Effets bénéfiques dans ma vie communautaire et apostolique
J’ai aussi compris l’importance d’appartenir à une petite communauté locale, ainsi que des réunions régulières avec la mienne, « la Communauté Manrèse. » Lors de nos réunions, nous partageons ouvertement et librement des événements qui ont un impact sur nos vies en tant que membres de la communauté, parfois à un niveau très intime. J’ai vécu de grands moments de joie quand des compagnons m’écoutaient et partageaient à la fois mes joies et mes peines. Cela a été particulièrement évident à mes yeux lorsqu’il y a quelques années, mon fils est tombé gravement malade et ma communauté s’est mobilisée autour de moi, offrant des messes et des prières pour son prompt rétablissement, et gardant constamment le contact avec moi et priant pour moi lorsque j’ai voyagé hors du pays – comme je le fais si souvent — pour être avec lui. Manrèse, je te remercie de ton esprit de solidarité, notamment lors des moments d’épreuves et de tribulations. Grâce à ma communauté, j’ai appris à écouter Ies autres et à partager à la fois leurs moments de joie – moments de consolation — et leurs moments de peine – moments de désolation — et j’ai vu et ressenti dans quelle mesure de telles marques de soutien collectives ont été importantes pour moi et pour les autres.
A notre CVX de la Région de Douala, je dis merci de m’avoir donné la possibilité de faire connaissance avec des compagnons qui ont choisi la même voie dans notre pèlerinage vers la maison du Père qui est aux cieux. Il est toujours agréable de rencontrer par hasard un ou deux compagnons en dehors de nos milieux chrétiens, parfois dans leur environnement professionnel, ou dans la vie sociale, et d’échanger des salutations, profondément conscients de notre volonté commune de suivre le Seigneur de plus près et davantage.
Grâce à ma présence au sein de la CVX, j’ai appris à connaître la valeur des retraites annuelles. Je préfère rejoindre les retraites organisées par le groupe ignacien de Yaoundé car j’ai toujours envie d’être loin de Douala pour de tels moments. Après une retraite de huit (8) jours, je reviens à la maison pleinement animé d’une énergie nouvelle et plus engagé pour ma famille et pour ma vie chrétienne. J’ai également effectué des retraites plus courtes (3 jours) ici au Centre Spirituel de Rencontre avec ma communauté, Manrèse.
J’ai également participé à des recollections soit avec ma communauté, soit avec toute la CVX de la Région de Douala, comme cela a été le cas dernièrement, et je trouve que de telles rencontres sont d’une grande aide pour moi dans le cadre de ma vie spirituelle et sociale. Ces retraites et ces recollections me permettent de jeter un regard approfondi sur ma vie intérieure et je ressors grandi de ces séances en étant un meilleur chrétien, un meilleur père pour ma famille, un meilleur conjoint pour mon épouse, un meilleur communicateur catholique, et un meilleur membre des groupes sociaux auxquels j’appartiens.
Ma vie professionnelle
Mon adhésion à la CVX a également constitué un important stimulus pour ma vie professionnelle. Comme nombre d’entre nous, je porte plusieurs casquettes professionnelles. Je suis un journaliste catholique, un traducteur, un interprète de conférence, et un écrivain. Même si j’exerçais déjà ces diverses professions bien avant de rejoindre la CVX, je m’y engage désormais avec les yeux plus que jamais tournés vers le Seigneur. C’est lors de l’une de mes retraites à Yaoundé que le Seigneur m’a conduit à rassembler, aux fins de publication ultérieure sous forme de livre, plusieurs des articles que j’avais écrits concernant l’Eglise. L’un de ces articles racontait ma reconversion à la foi lorsque j’ai accompagné Son Eminence le Cardinal Christian Tumi lors de la première de ce qui est devenu une tradition annuelle dans l’Archidiocèse de Douala, à savoir « la Marche pour la Paix » chaque premier jour de janvier, la Fête de la Vierge Marie, Mère de Dieu. Le Cardinal Christian Tumi a commencé cette tradition le 1er janvier 1993. Cette date a marqué mon retour à l’Eglise après plusieurs années d’errance dans le désert. Le livre a pour titre « My Conversion Journey with Christian Cardinal Tumi ». J’ai récemment aidé le Cardinal dans le cadre de son livre intitulé « Ma nuit en captivité », qui raconte la dure épreuve qu’il a subie au cours d’une nuit entre les mains des forces rebelles dans sa région natale du nord-ouest de notre pays en crise. Ce livre est actuellement en cours de publication aux États-Unis d’Amérique, pour un lectorat à l’échelle mondiale.
J’entends le Seigneur m’inviter constamment « à aller aux larges » (duc in altum) afin de pouvoir mieux éclairer les autres partout où je travaille. J’ai animé de nombreux séminaires à l’intention des journalistes de Radio Veritas, des séminaires au cours desquels j’ai souligné la nécessité pour les journalistes catholiques de bien comprendre la doctrine de l’Église. J’anime aussi régulièrement des séminaires à l’intention des journalistes des médias publics, en particulier ceux de la CAMASEJ (Association des journalistes camerounais d’expression anglaise). Pour eux également, je souligne l’importance de l’intégrité dans leur profession, notamment la nécessité d’éviter de donner ou de recevoir un pot-de-vin, une pratique courante dans nos médias.
J’ai également conduit les membres de la CMA (Catholic Men Association) à méditer avec la Parole de Dieu, avec la pédagogie des Exercices Spirituels de Saint Ignace. Un de mes regrets est que beaucoup de chrétiens anglophones de notre Archidiocèse n’ont même jamais entendu parler de la Communauté de Vie Chrétienne (CVX). Le Père Emmanuel Nkeng, SJ, et moi, avions rassemblé un groupe de chrétiens anglophones de la paroisse Notre Dame de l’Annonciation de Bonamoussadi afin de les initier aux Exercices Spirituels, mais je présume que ce n’était pas encore le temps de Dieu pour qu’une telle initiative porte des fruits. J’ai l’intention de poursuivre encore cette initiative de façon bien plus offensive dans un avenir proche. Je suis également un membre actif de ma Communauté ecclésiale vivante (CEV) de Santa Barbara où nous prions à l’aide de la Lectio Divina, très semblable à une des manières de prier qui est proposée dans les Exercices Spirituels.
Au cours de plusieurs de mes émissions radiophoniques sur Radio Veritas, j’ai utilisé les prières de Saint Ignace ainsi que certains des outils de la spiritualité ignacienne comme guide. Je trouve un grand réconfort dans la philosophie ignacienne qui consiste à en faire plus pour Jésus Christ et pour les autres (Magis), et je suis nettement devenu une meilleure personne maintenant que par le passé parce que je place Jésus Christ au centre de mon travail et de ma vie de tous les jours. Je suis constamment interpellé par les questions ignaciennes : « Qu’avez-vous fait pour le Christ ? Que faites-vous pour le Christ ? Que devriez-vous faire pour le Christ ? » Elles constituent en permanence pour moi une piqûre de rappel qu’il faut rester concentré sur le Seigneur chaque jour.
Conclusion
Dans ma démarche d’intégration progressive au sein de la CVX, mon épouse, Hermine, a jusqu’ici été une force puissante pour ma vie de prière et de discernement. Je la remercie pour sa présence constante et édifiante dans ma vie, notamment lors des moments de difficultés – et il y en a eu beaucoup – que nous avons rencontrés tout au long de notre vie conjugale de trente-neuf ans.
Je remercie mon accompagnateur, le Professeur Thomas Theophilus Nug, pour son soutien constant dans ma vie spirituelle et intellectuelle, surtout lors des moments où le côté sombre de la vie semble me cacher la face du Seigneur.
Je laisserai Saint Ignace me conduire à ma conclusion : « Prends, Seigneur, et reçois toute ma liberté, ma mémoire, mon intelligence et toute ma volonté, tout ce que j’ai et que je possède. C’est toi qui m’as tout donné, à toi, Seigneur, je le rends. Tout est à toi, fais-en ce que tu veux. Donne-moi juste ton amour et ta grâce, cela seul me suffit ». Je fais cette prière par le Christ, notre Seigneur, qui vit et règne avec le Père, dans l’unité du Saint-Esprit, maintenant et pour les siècles des siècles. Amen.