Ō Cameroun, ce beau pays tant martyrisé !

“Tout être vivant qui se meut vivra partout où le torrent coulera, et il y aura une grande quantité de poissons; car là où cette eau arrivera, les eaux deviendront saines, et tout vivra partout où parviendra le torrent.” Eze 47:9.

Que les jumelles, qui s’appellent paix et justice, jaillissent comme un grand torrent, dévalant les hauts-plateaux de Nkambe en serpentant à travers les collines sinueuses et tortueuses de ma terre natale, Nso , pour inonder l’immense plaine de Ndop et répandre son contenu nourrissant car partout où ce torrent coule, il apporte la vie et non la mort.

Que les jumelles siamoises, appelées paix et justice, surgissent comme un fleuve des hauts- plateaux de Bamenda et se déversent dans la Manyu et sur l’épaisse forêt de Korup de Mundemba.  Puisse ce fleuve de paix et de justice s’écouler des collines aux cimes tortueuses de Manenguba aux  plaines fertiles situées en contrebas.

Des parois abruptes du majestueux mont Fako dont la crête éternellement recouverte de brouillard et enfouie dans l’antre du ciel la surplombant, qu’il en jaillisse des eaux fraîches de justice et de paix ; qu’elles emportent avec elles les cendres volcaniques pour fertiliser les plaines en dessous. Que ces eaux fraîches de justice et de paix se déversent dans l’océan atlantique ; car partout où elles coulent, on y trouve des poissons et d’autres gibiers en abondance pour que chaque être vivant dans notre beau pays, hommes et animaux, puisse se nourrir et se multiplier.

Avec une surabondance de nourriture dont Mère Nature a généreusement dotée notre terre, pourquoi cette violence insensée ? Ô vous, fils et filles de cette Chère Patrie, Terre chérie ; Ô vous, porteurs de la mort des deux côtés, écoutez donc la voix des prophètes d’antan qui vous exhortent à briser vos épées pour en faire des socs et vos lances pour en faire des serpes (Is 2:4) ! Vous indiquerez ainsi au monde que vous avez renoncé à la guerre et que vous pouvez maintenant vous enlacer comme frères et sœurs !

Ô vous, pourvoyeurs de la mort et marchands d’armes de destruction des deux côtés de cette folie ! Lâchez ces armes de vos mains tremblantes et venez boire les eaux fraîches de la justice et de la paix qui coulent en abondance aux quatre coins de notre cher pays. Voyez Ô combien immense est la table de la fraternité et du dialogue que le Seigneur a dressée sous nos yeux, alors que nos ennemis regardent au loin, l’envie dégoulinant de leurs yeux (Ps 23.5). Mais pourquoi cette table si bien garnie autour de laquelle le frère doit parler de paix au frère, reste-t-elle donc vide ?

Malheur à vous, avertit le prophète Amos, vous qui pillez et saccagez votre terre et votre peuple et qui amassez dans vos palais les fruits de vos extorsions ! (Am 3, 10).  Malheur à vous, car vous devrez bientôt rendre compte de vos actes et le plus vaillant d’entre vous, les guerriers, fuira nu (Am 2, 16). Entendez les gémissements martyrisés des Rachel de ce pays des deux côtés de cette folie qui, comme se lamente le prophète Jérémie, pleurent et refusent d’être consolées parce que leurs enfants ne sont plus ! (Jérémie 31:15).

Ô vous, dirigeants de cette Chère Patrie, Terre chérie; Ô vous, “libérateurs” autoproclamés de notre peuple, pour l’amour du ciel, embrassez la paix et sa sœur jumelle, la justice, et accordez à votre peuple, notre peuple, une trêve dans cette folie sanguinaire !